Patrice Gassenbach, président de la fédération UDI de Paris, sera prochainement convoqué par la Commission Nationale d'Arbitrage et de Transparence (CNAT) du parti, après avoir envoyé une lettre à ses militants le 11 septembre 2014, dans laquelle il réglait ses comptes avec un certain nombre de cadres de l’UDI. Cette convocation lui a été notifiée par un courrier du président de la CNAT, Jean-Léonce Dupont, dont Le Lab a pris connaissance.
Alors que la campagne pour la présidence de l'UDI bat son plein, la CNAT reproche à Patrice Gassenbach d’avoir ainsi contrevenu "de façon manifeste au Code de bonne conduite adopté le 14 juin dernier par le Conseil national […], qui impose une neutralité dans l’expression et l’utilisation des moyens par le siège des fédérations". En cause, la diffusion, dans son courrier aux militants, "d’éléments personnels d’appréciation sur chacun des candidats en lice", soit Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Christophe Fromantin et Yves Jégo, en tandem avec Chantal Jouanno.
Voici ce qu’écrit Jean-Léonce Dupont à Patrice Gassenbach, en date du jeudi 25 septembre :
La CNAT a décidé de vous convoquer pour vous entendre sur cette affaire lors d’une de ses prochaines réunions, et vous demande d’ici là de sursoir à toute communication auprès des adhérents de la fédération de Paris.
Voici le document dans son intégralité :
Dans sa lettre aux militants, dont Le Scan du Figaro avait révélé le contenu, le président de l’UDI75 accusait d’abord Yves Jégo d’avoir rompu le "contrat moral" pris, alors qu’il assurait l’intérim de la présidence de l’UDI après le retrait de Jean-Louis Borloo, de ne pas à l’avenir briguer la présidence du parti. Il décrivait aussi son ticket avec Chantal Jouanno, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, comme "étrange" et "issu de la famille concurrente".
Quant à Jean-Christophe Lagarde, Patrice Grassenbach l’accusait d’avoir "critiqué publiquement l’investiture de Christian Saint-Étienne lors des dernières municipales à Paris", écrivait Le Scan. Il lui reprochait d’avoir ainsi cherché à "obtenir à Paris des investitures pour des élus du conseil régional issus d’autres départements franciliens, contrairement à la règle de non-cumul arrêtée par Jean-Louis Borloo". Le patron de l’UDI75 s’interrogeait sur la "capacité" de Jean-Christophe Lagarde à "gérer deux concepts contradictoires : la laïcité d’une part, et le communautarisme d’autre part".
Deux des candidats à la tête de l’UDI étaient épargnés : Jean-Christophe Fromantin, "qui ne s’est jamais immiscé dans l’action de la Fédération de Paris", et Hervé Morin, "partisan d’une négociation ferme avec l’UMP, qui a soutenu tous les candidats de l’UDI Paris qui ont eu le courage de courir sous nos couleurs".
"Courage", car Patric Grassenbach rendait également Jean-Louis Borloo lui-même responsable de la défaite des dernières municipales. Sous l’impulsion de son fondateur, l’UDI avait en effet fait alliance avec l’UMP – Nathalie Kosciusko-Morizet – et le Modem dès le premier tour. Paris "devait être gagné", écrivait celui qui fustigeait "le renoncement de Jean-Louis Borloo dès janvier 2013".