"Je souhaite que ce ne soit pas Nathalie qui soit désignée". Par cette déclaration, Guillaume Peltier a mis le feu à la primaire UMP. Le lendemain, Nathalie Kosciusko-Morizet signe la contre-attaque en convoquant les journalistes, et en consacrant la majeure partie de son point-presse à cet événement. Un évenement qui révèle plusieurs fractures au sein de l'UMP.
> Le combat personnel de Patrick Buisson contre NKM
Entre NKM et Patrick Buisson, c'est la mésentente. Et elle n'est même plus cordiale. Les deux se connaissent bien : elle était porte-parole de Nicolas Sarkozy en 2012, lui était son conseiller de l'ombre. Elle, incarne l'aile centriste de l'UMP. Lui assume son positionnement à droite du parti.
NKM avait, lors de la campagne, refusé de faire de Guillaume Peltier, le porte-parole adjoint du candidat Sarkozy. Et cela n'est pas passé auprès de son mentor Patrick Buisson.
Un mois après la défaite de Nicolas Sarkozy, celle qui vient, avec difficulté, de récupérer sa circonscription de Longjumeau, s'attarde sur le rôle qu'a joué Patrick Buisson lors de la campagne présidentielle. Son jugement est sévère :
L'objectif de Patrick Buisson n'était pas de faire gagner Nicolas Sarkozy mais Charles Maurras.
Ulcéré par ces déclarations, Patrick Buisson se serait juré, depuis, d'avoir la peau de NKM. Interrogée par Le Lab lors de son point presse, Nathalie Kosciusko-Morizet voit clairement la main de Patrick Buisson derrière les propos de Guillaume Peltier :
Peltier, c'est le Buisson qui cache la forêt.
Car comme toujours, c'est dans l'ombre que Patrick Buisson prépare le combat. Selon les informations de L'Opinion de ce 21 mai, La Droite forte, courant de l'UMP géré par Guillaume Peltier et Geoffroy Didier et proche de Patrick Buisson, prépare un meeting entre les deux tours de la primaire, réunissant Pierre-Yves Bournazel et Jean-François Legaret.
> L'éternel match Fillon/Copé en sous-main :
Selon les informations du Lab, Jean-François Copé s'est fendu d'un coup de fil à Antoine Rufenacht, grand sage des primaires, lorsqu'il découvre les propos de Guillaume Peltier sur NKM. Il assure alors que Guillaume Peltier "a déconné". Mais, cité par Le Monde ce 21 mai, Jean-François Copé est moins virulent lorsqu'il s'agit de défendre la candidate :
Guillaume Peltier y est allé un peu trop fort sur la forme.
Jean-François Copé dit-il là qu'il soutient Guillaume Peltier sur le fond ? Pas loin.
Un observateur de la campagne manie la métaphore pour commenter ce soutien du bout des lèvres vis-a-vis de celle qu'il considère comme une concurrente potentielle :
Copé, il a intérêt à tuer NKM. Et pour la tuer, il a un mobile.
Peltier, c'est un homme de main. Buisson y a intérêt aussi, il le fait faire par un boucher, et il y va à la hache.
François Fillon, lui, ne cesse de multiplier les signes de son soutien à NKM. Après avoir parrainé son ancienne ministre de l'Environnement, le candidat à la primaire de 2017 co-signe avec Bernard Debré, le 17 mai, une tribune dans Le Figaro pro-NKM :
Au moment de voter, nous vous invitons à vous poser une seule question : qui, par son expérience, son parcours, son aptitude à innover et à dépasser les clivages, a la capacité de rassembler une majorité de Parisiens ?
Dans l'équipe, les Copéistes sont peu nombreux. En revanche, ils sont pléthore dans le staff de Pierre-Yves Bournazel. L'un des premiers à le soutenir fût Pierre Charon, sénateur de Paris.
Comme souvent, il dit en "on" ce que beaucoup pensent tout bas. Cité par Le Monde, il fait clairement le parrallèle avec l'élection à la présidence de l'UMP en novembre dernier :
Comme Copé face à Fillon lors de la primaire pour la présidence de l'UMP, Bournazel peut créer la surprise.
Contacté par Le Lab, il va plus loin, et estime que les responsables de la fédération parisienne roulent pour NKM :
C'est un syllogisme. Goujon (le président de l'UMP-Paris, NDLR) et Lamour (président de groupe au Conseil de Paris) soutiennent Fillon. Fillon soutien NKM. Donc Goujon et Lamour soutiennent NKM.
Avant de s'opposer à nouveau à celle qu'il considère comme une parachutée :
Paris n'est pas un refuge pour réfugiés politiques.
> La droite parisienne toujours divisée
Au-dessus de leur tête plane toujours le souvenir de la guerre fratricide entre Philippe Seguin et Jean Tibéri en 2001. Chez NKM, on craint que la droite ait réenclenché "la machine à perdre". "Une sale guerre", même :
Vous avez un de ceux qui concourrent qui se met à faire une guerilla, une fatwa contre un des candidats. Résultat, il va faire perdre son camp.
Chez l'élu du XVIIIe arrondissement, on nie vouloir saboter la primaire. Comme Géraldine Poirault-Gauvin, jointe par Le Lab, qui s'offusque :
On est venus nous expliquer qu'il n'y avait que des nuls à Paris et que NKM allait révolutionner tout ça. Ce n'est pas le cas.
Tout le monde, à l'heure actuelle, assure vouloir le succès de cette primaire. Les différences de point de vue résident donc dans la définition qu'ils se font du succès.