HUMOUR ET POLITIQUE - Manuel Valls n'est pas le plus grand déconneur qui soit. Et ce n'est pas le fait de travailler avec François Hollande, pourtant champion en la matière, qui l'aura poussé à investir le terrain de l'humour. Son avis sur les blagounettes présidentielles reste, à ce jour, un mystère. En revanche, on sait désormais ce qu'il pense du récent penchant de Nicolas Sarkozy pour le stand-up. Alors ça ne vous surprendra probablement pas : il n'est pas fan.
D'après Le Canard Enchaîné mercredi 8 juillet, le Premier ministre a abordé le sujet devant quelques journalistes, le 1er juillet. Estimant d'abord que le président de Les Républicains représenterait la droite pour la présidentielle 2017 car il est au contrôle de la "machine" qu'est son parti, il a toutefois estimé qu'il ne serait pas le meilleur candidat. Pour justifier cette analyse, Manuel Valls a donc moqué les traits d'humour que l'ancien chef de l'État multiplie lors de ses interventions publiques depuis plusieurs mois, selon l'hebdomadaire :
"Je ne le sous-estime pas, mais il est très répétitif, il fait du stand-up, c'est un animateur de meetings.
"
Voilà donc Nicolas Sarkozy ramené sans ménagement à un rôle de chauffeur de salle. Et attention : il s'agit là de l'opinion de quelqu'un qui propose d'instaurer des cours de stand-up à l'école. Un avis qui est d'ailleurs peu ou prou partagé jusqu'au sein de Les Républicains, en particulier par Brice Hortefeux. Fidèle lieutenant de Nicolas Sarkozy, l'eurodéputé s'est récemment inquiété, en privé, de "l'image" que renvoie l'ex-président en s'adonnant au registre comique.
En ce qui concerne Manuel Valls, on peut penser sans trop s'avancer qu'il a notamment peu apprécié les blagues de Nicolas Sarkozy à son encontre. Au mois de mars, le patron de feu l'UMP avait plusieurs fois insisté sur la "nervosité" du Premier ministre. Suite à quoi ce dernier avait demandé au patron de l'opposition de "se reprendre tranquillement".
Mais le chef du gouvernement ne s'en tient pas à cette critique. Si Nicolas Sarkozy est, dans son esprit, un mauvais candidat, c'est aussi parce que, toujours selon des propos rapportés par Le Canard Enchaîné, il juge qu'il "est très à droite, et il n'a rien à proposer, c'est frappant". C'est tout de suite beaucoup plus sérieux.
[BONUS TRACK] SVP, pas de proportionnelle
Toujours au sujet de 2017, Manuel Valls a fait part de son inquiétude quant à une instauration de la proportionnelle aux législatives, qui serait décidée par François Hollande. Une mesure qui permettrait d'éviter une candidature des écolos, pense le Premire ministre. Selon Le Canard, il a explqiué :
"[François Hollande] négociera jusqu'au bout avec les Verts pour qu'ils ne pésentent pas de candidat, et la proportionnelle peut malheureusement faire partie du deal.
"
Et l'ancien député de l'Essonne d'expliquer qu'il est toutefois "trop tard" pour instaurer la "dose" de propostionnelle promise par Hollande, car "on n'a plus le temps de redécouper les circonscriptions". "Pas la peine de penser" non plus à la proportionnelle intégrale, estime-t-il, puisque celle-ci entraîenrait l'élection de nombreux députés FN. Il craint donc une troisième solution, comme l'écrit le palmipède : "La proportionnelle avec un scrutin de liste par région et une prime majoritaire à la liste arrivée en tête, comme aux régionales et aux municipales". "Ça me paraît compliqué d'ici à 2017, tempère-t-il, mais il ne faut jamais rien exclure, dans la vie politique."
Faut-il voir dans cette fuite une volonté de sa part de tuer l'idée dans l'oeuf ?
> À relire : Pourquoi François Hollande va renoncer à introduire de la proportionnelle aux législatives