HEADSHOT - L'élève Le Pen, Jean-Marie, est convoqué en conseil de discipline par madame la directrice Le Pen, Marine. Après moult provocations, le président d'honneur du FN sera devant le bureau exécutif du parti, réuni en formation disciplinaire, le 27 avril selon les informations du Parisien. Il y répondra notamment de ses récents propos polémiques sur les chambres à gaz et le maréchal Pétain. Mais selon Gilbert Collard, ne vous attendez pas à voir la fille demander au père de "dégager".
Invité de Sud Radio jeudi 16 avril, le député du Gard, qui est aujourd'hui prêt à prendre sa carte au FN, l'affirme : "Je ne crois pas qu'elle va lui dire 'dégage pauvre con', ça c'est Nicolas Sarkozy qui est maître de la formule."
Mais l'avocat, qui entretient une détestation mutuelle et très visible avec le fondateur du parti d'extrême droite, embraye immédiatement sur sa grande lassitude d'apercevoir encore ce dernier dans les parages frontistes. Il dit :
"Pour être très franc, l'effervescence verbale de papa, elle fatigue à la longue. D'abord elle est critiquable, et ensuite elle fait beaucoup de torts à nos idées qui ne sont pas celles que, sur Pétain, la Shoah, les immigrés, véhicule Jean-Marie Le Pen.
"
Voilà, les choses sont dites. "Le Menhir", y'en a marre. Pour autant, Gilbert Collard n'apprécie pas trop le traitement médiatique qui est fait de cette crise aiguë au FN :
"Maintenant, il y a quelque chose que je dois vous dire pour être objectif, c'est que le sacrifice médiatique m'emmerde. Tous ces médias qui vous disent 'vous l'excluez, vous l'excluez, vous l'excluez', on a l'impression qu'ils ont besoin du corps symbolique de Jean-Marie (sic) pour être satisfaits. Et en même temps, vous avez ces incroyables socialistes, ces UMP en recherche de nom, qui vous disent 'c'est fait exprès'.
"
Il ajoute qu'à son sens, aujourd'hui, celui qui a contribué à créer le parti voilà 40 ans "n'adhère plus" à ses "idées". Et qu'en conséquence, il devrait quitter le FN "de lui-même" :
"En réalité, Jean-Marie Le Pen, dans les propos qu'il tient, n'adhère plus à nos idées, donc je pense que la décision devrait venir de lui-même, tout en reconnaissant ce qu'il a fait et sa puissance verbale, qui parfois est très belle et parfois totalement odieuse.
"
C'est que le même Gilbert Collard est bien content que ce genre de propos de Jean-Marie Le Pen permettent au Front national de se dédiaboliser presque automatiquement.
Mais autant le dire tout de suite : Jean-Marie Le Pen a l'air moyennement disposé à laisser la place. Le 9 avril, il prédisait l'implosion du FN s'il en était viré. Et puis, les claques ne volent pas à sens unique, à Nanterre. Mercredi 15 avril, L'Express citait Jean-Marie Le Pen qui douchait l'enthousiasme de sa "famille" politique en ces termes :
"Ils ont tous pris la grosse tête. Ils regardent leurs succès aux élections sans se rendre compte que ce sont avant tout leurs adversaires qui sont pitoyables. Nous serions aux portes du pouvoir ? Jamais de la vie ! Et encore moins avec un parti divisé.
"
[BONUS TRACK] La "langue de con" expliquée aux enfants
En fin d'interview, Gilbert Collard est invité à donner des exemples de ce qu'est ce qu'il appelle la "langue de con". Un sujet qui lui tient à cœur, puisque l'avocat vient de publier un dictionnaire sur le sujet.
Instant définition, donc :
"[La 'langue de con'], c'est cette répétition verbale de tous les journalistes, politologues... 'Nauséabond'... Mais moi aussi je m'y suis mis !
Un exemple : 'Les années sombres', 'le bien vivre ensemble' à l'instant où vous me racontez qu'une pauvre victime s'est faite assassiner...
"
Ou encore ceci, qu'il avait fustigé dès le début de l'entretien :
"Les remises de peine nécessaires, paraît-il à une certaine 'paix sociale' - encore un mot à la con - dans les prisons.
"