Grand oral de rentrée pour Jean-Marc Ayrault ce 22 août sur BFMTV. Après quinze jours de vacances, le Premier ministre a été interrogé sur les réformes à venir du gouvernement, sur les promesses du candidat Hollande et sur les critiques que son action suscite.
Le Lab revient sur les grands points évoqués pendant l'interview.
> Sur les critiques de Jean-Luc Mélenchon :"Il n'a pas été élu président de la République, il n'a même pas été élu député"
> Jean-Marc Ayrault refuse que des députés socialistes votent contre le traité budgétaire européen
> L'augmentation immédiate du plafond du Livret A n'a plus rien d'immédiat
> "Le débat sur le gaz de schiste n'est pas tranché"
"Quand on revient de 5 semaines de vacances au Vénézuéla avec M.Chavez ..."
Sur BFMTV
Que pense Jean-Marc Ayrault du réquisitoire de Jean-Luc Mélenchon contre le gouvernement dans le JDD le 19 août et de sa formule "100 jours pour presque rien" ? La réponse est sans appel :
Jean-Luc Mélenchon devrait avoir peut-être un peu plus de lucidité.
C'est vrai que quand on revient de cinq semaines de vacances au Vénézuéla avec Monsieur Chavez, peut-être qu'on manque un peu de connaissances réelles de la France et de l'Europe.
Ce n'est pas la peine d'employer des grands mots et des formules toutes faites. Il faut se confronter au réel.
(...) Jean-Luc Mélenchon confond cent jours avec cinq ans. C'est son problème! Il n'a pas été élu président de la République, il n'a même pas été élu député.
Jean-Luc Mélenchon était effectivement au Vénézuéla pendant ses vacances, où il a pu rencontrer le président Hugo Chavez et participé au Forum de Sao Paulo, une rencontre internationale réunissant plusieurs centaines d'organisations de gauche.
Avant Jean-Marc Ayrault, c'est Michel Sapin dans Le Figaro du 22 août qui a estimé que Jean-Luc Mélenchon était "hors de la réalité".
Remarque suivie d'une riposte immédiate de Jean-Luc Mélenchon, à lire ici.
Discipline de vote sur le traité européen
Sur BFMTV
Autre thème abordé par Jean-Jacques Bourdin ce 22 août : la ratification du traité budgétaire européen. Outre Europe Ecologie-Les Verts et le Front de gauche, une poignée d'élus socialistes ont annoncé qu'ils s'opposeraient au traité lors du vote au Parlement.
Jean-Marc Ayrault les rappelle à l'ordre et invoque le respect de la discipline de vote. Voter contre ? Pour lui, c'est tout bonnement impossible :
Mais je crois que ce n’est pas possible. Quand on est dans la majorité, qu’on soutient le président de la République, on doit être solidaire.
Ces quelques députés, qui j’espère prendront leurs responsabilités, ont été élus après l’élection de François Hollande et ils lui doivent leur élection.
C’est la question de la responsabilité: où en serions nous aujourd’hui si François Hollande n’avait pas été élu ? Est-ce que nous aurions obtenu le paquet croissance ? Nous avons fait bouger les lignes en Europe.
Parmi les députés socialistes, plusieurs membres de l'aile gauche du PS ont fait savoir leur opposition au traité budgétaire européen, tout particulièrement à la règle d'or. Parmi eux, la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann et le jeune député proche de Benoit Hamon, Razzy Hammadi, sont les plus bavards.
Dans Libération, le député Jérôme Guedj s'est également montré très critique :
Je ne me reconnais pas dans ce traité d’austérité budgétaire, et la règle d’or est une chape de plomb pour la croissance.
Le 1er août, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, promettait qu'il allait "passer tout le temps qu'il faudra en août et en septembre" pour convaincre les députés des bienfaits du traité budgétaire européen.
Augmentation immédiate du plafond du Livret A ... mais pas de 100%
Sur BFMTV
Retour sur une promesse de campagne du candidat Hollande : doubler le plafond du Livret A et du Livret Développement durable. Comme le montre ce tweet du 25 avril, entre les deux tours de la présidentielle, le projet devait se réaliser "immédiatement" :
Je doublerai immédiatement le plafond du livret A et du livret du développement durable. #FH6mai
— François Hollande (@fhollande) Avril 25, 2012
Jean-Marc Ayrault a précisé ce point le 22 août : le plafond du Livret Développement durable va effectivement être doublé "tout de suite", pour passer de 6.000 à 12.000 euros :
Nous voulons le doubler, c’est un engagement du président de la République, ce sera fait. (...)
On n'est plus dans l'annonce, on est dans le concret.
Pour ce qui est du Livret A, les mesures sont moins fidèles aux promesses de campagne. Son plafonnement n'augmentera pas de 100%, mais de 25%. Jean-Marc Ayrault précise que la hausse peut s'étaler sur plusieurs années et passe du "tout de suite" à "sur cinq ans" :
La promesse était de doubler, mais je vous rappelle que le mandat, c’est 5 ans et pas 100 jours. Il faut le faire en fonction des besoins. Ce n'est pas difficile de monter en puissance.
Une "source gouvernementale" a précisé à l'AFP qu'une nouvelle hausse de 25% pourrait avoir lieu "avant la fin de l'année". Ces deux hausses consécutives ne représenteraient cependant pas le doublement promis.
Le Livret A permet de financer le logement social et est actuellement plafonné à 15.300 euros et devrait passer à 19.000 euros.
Le Livret Développement durable est destiné au financement des PME et des entreprises innovantes. Son plafond va passer de 6.000 à 12.000 euros.
Le calendrier précis de ces augmentations n'a pas été donné.
Gaz de schiste : "Le débat n'est pas tranché"
Sur BFMTV
Sujet à haute tension : l'exploitation du gaz de schiste. En 2011, la France est devenue l'un des premiers pays à interdire la fracturation hydraulique pour extraire les gaz de schiste, technique hautement polluante.
Le débat est réapparu depuis qu'Arnaud Montebourg, le 13 juillet, a expliqué qu'il allait "regarder" le dossier du gaz de schiste dans le cadre de la refonte du Code minier. Annonce qui a fait bondir Europe Ecologie-Les Verts.
Ce 22 août, les propos de Jean-Marc Ayrault tendent à clarifier les choses mais ne devraient pas rassurer les anti-gaz de schiste :
Il faut dire la vérité : le débat n’est pas tranché.
Le 14 septembre va s’ouvrir une conférence environnementale qui travaillera aussi sur la transition énergétique, la biodiversité ... et tout sera mis sur la table.
Le Premier ministre assure cependant que la technique de la fracturation hydraulique est exclue :
La fracturation hydraulique, ça, c’est interdit.
Par contre, il faut qu’on mette sur la table les différentes solutions qui pourraient exister, qui ne seraient pas polluantes. Si ça existe, il faudra les mettre dans le débat public.