Emmanuel Macron a créé son mouvement "En Marche !" , démissionné du gouvernement puis candidaté à l’Élysée . Avec l’objectif affiché de "refonder l’offre politique". Autant dire qu’il n’a pas fait tout cela pour participer ensuite à une primaire qui pourrait l’éliminer avant même le scrutin présidentiel. C’est pourtant ce que souhaite Jean-Christophe Cambadélis, qui répète inlassablement sa proposition d'élargir la primaire de la Belle alliance populaire à toute la gauche, "de Macron à Mélenchon" (seul moyen selon lui que la gauche ne soit pas éliminée du second tour). Face à leurs refus, le Premier secrétaire du PS a émis l’idée d’organiser un débat entre eux trois. Nouveau refus de l’ancien ministre de l’Économie ce vendredi 9 décembre sur Sud Radio /Public Sénat :
"Oh écoutez, c’est ridicule. Le débat que les Français attendent, c’est sur le pays, sur leur quotidien. Ça, c’est de la mascarade. J’ai constamment discuté à visage ouvert, j’ai fait tous les débats. On va pas faire un débat sur la primaire. Là, y’a vraiment des gens qui ont envie de faire n’importe quoi.
"
C’est un Emmanuel Macron passablement agacé qui adresse donc une fin de non-recevoir au patron du PS, qu’il trolle allègrement en lui rappelant des propos qu’il a tenus sur lui lorsqu’il était au gouvernement :
"Il y a quelques mois, j’étais ministre. Le même monsieur Cambadélis disait que j’étais un ministre d’ouverture. Alors à l’époque j’étais pas de gauche, je l’arrangeais pas. Et maintenant, parce que nous avons justement refondé l’offre politique française, faudrait créer un débat sur des choses qui deviennent complètement artificielles.
"
Si Jean-Christophe Cambadélis fait aujourd’hui les yeux doux à Emmanuel Macron pour qu’il vienne dans sa primaire, c’est pour mettre des bâtons les roues à la candidature d’un homme qu’il n’a jamais vraiment apprécié. La preuve avec ces quelques déclarations : sa ligne politique ? "Le bolchévisme libéral" . Sa démission ? "un kinder surprise pour convenance personnelle" . Sa candidature ? Elle vise à empêcher une candidature de François Hollande . Le patron du PS avait d’ailleurs envoyé des SMS très énervés à des cadres de son parti pour les prévenir que tout élu socialiste qui soutiendrait Emmanuel Macron serait exclu du parti.
Emmanuel Macron ne manque d’ailleurs pas de pointer les critères à géométrie variable de Jean-Christophe Cambadélis, qui a refusé jeudi trois petits candidats, mais aimerait attirer deux autres qui joueraient les têtes d’affiches, précisément Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron :
"Hier vous aviez plusieurs candidats qui voulaient aller à sa primaire, il les en a empêchés. Bon. Donc c’est quand même étrange ! Cette primaire n’a pas le bon périmètre, elle n’a pas le bon calendrier, elle n’a pas les bonnes modalités. Donc que ces messieurs dames prennent leurs responsabilités devant le pays. Moi, j’ai pris les miennes.
"
Les candidatures de Bastien Faudot pour le MRC, Pierre Larrouturou pour Nouvelle Donne et Sébastien Nadot pour le mdP ont été refusées jeudi sous prétexte que les prétendants se seraient intéressés trop "tardivement" au scrutin. La primaire de la BAP, "ce n’est pas open bar", selon la formule employée par "Camba". Toutefois, Christophe Borgel, organisateur du scrutin, est prêt à "trouver une solution" pour Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron s’ils décidaient d’y participer, même après le dépôt officiel des candidatures, le 15 décembre prochain...
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