RIP - Il n'y avait pas vraiment de doutes quant à la réalité de l'unité nationale dans la classe politique depuis les attentats de vendredi (voir ici, ici, ici, ici ou encore ici). La réunion du Parlement en Congrès, à Versailles lundi 16 novembre, avait pu laisser planer l'impression d'une forme de respect de part et d'autre, notamment via la longue ovation des 925 parlementaires après le discours de François Hollande. La séance de questions au gouvernement de ce mardi, en revanche, a définitivement acté la mort de cet appel qui n'a jamais vraiment reçu de réponse convaincante.
Pour la première fois depuis les attaques de Paris et Saint-Denis, et alors que le deuil national est toujours en vigueur, les députés et le gouvernement étaient réunis dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Dès le début de la séance, l'ambiance était électrique.
Le ton est franchement monté et les invectives ont plu à de nombreuses reprises. Une première fois lorsque la droite ne s'est pas jointe à la gauche, debout pour saluer l'hommage de Manuel Valls au service public (forces de l'ordre, secours, personnels enseignants, etc) mobilisés depuis les événements.
Ensuite pendant une réponse de Manuel Valls à une question de Laurent Wauquiez, qui a de nouveau proposé l'internement d'office de tous les individus faisant l'objet d'une fiche S pour radicalisation (une mesure refusée par Nicolas Sarkozy). Le Premier ministre a vanté la réforme constitutionnelle proposée par François Hollande, qui comprend notamment la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux nés en France (une mesure réclamée depuis longtemps par l'opposition). La droite, encore une fois, a très vigoureusement manifesté son opposition :
Enfin lorsque certains, sur les bancs de la droite toujours, ont hué la ministre de la Justice Christiane Taubira, cible favorite de beaucoup dans l'opposition, avant même qu'elle ne prenne la parole :
Et on ne parle même pas des incursions des élections régionales dans cette séance, entre Claude Bartolone au Perchoir et les questions de têtes de listes LR (Wauquiez, Pécresse, Estrosi)., alors que la campagne est censée être suspendue...
Certains élus de tous bords se sont donc légitimement interrogés sur la "fin de l'unité nationale" et ont partagé leur malaise devant la tenue de cette séance.
#QAG fin de l'unité nationale?
— Eric Woerth (@ericwoerth) November 17, 2015
Journée de deuil national, et pourtant à l'Assemblée, invectives, provocations et sifflets. Des deux côtés. Décidément triste semaine.
— Edouard Philippe (@EPhilippe_LH) November 17, 2015
Par ses polémiques et ses invectives aujourd'hui en séance à l'AN, la droite ne se hisse pas, hélas, à la hauteur qu'exige l'unité nationale
— Guillaume GAROT (@guillaumegarot) November 17, 2015
Vociférations, cris, insultes et pourtant #DeuilNational@HashtagDirectAN#QAG
— Catherine Troallic (@CaTroallic) November 17, 2015
J'ai honte de l'image donnée par certains "républicains" lors des #QAG . Respect pour les victimes. Nous le leur devons. #Republique
— Bernard ROMAN (@bernardroman59) November 17, 2015
Vendredi soir j'ai pleuré de colère, hier, au congrès, j'ai cru à la dignité collective, aujourd'hui j'ai honte de ces #QAG#Républicains?
— Christophe Castaner (@CCastaner) 17 Novembre 2015
C'est plus que pénible d'y assister aujourd'hui.. RT @ThomasWieder: Heureusement que peu de Français regardent les #QAG... @Bekouz
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 17 Novembre 2015
Cette séance de #QAG n'a vraiment pas grandi notre Assemblée. Nous devons collectivement bcp mieux aux Français. #malaise#DirectAN
— Franck Riester (@franckriester) November 17, 2015