Jean-Marc Ayrault revient sur son départ de Matignon: "J'ai eu l'impression d'être une victime expiatoire"

Publié à 13h14, le 21 décembre 2014 , Modifié à 15h56, le 21 décembre 2014

Jean-Marc Ayrault revient sur son départ de Matignon: "J'ai eu l'impression d'être une victime expiatoire"
Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée nationale © DOMINIQUE FAGET / AFP

Où l'on reparle de Jean-Marc Ayrault. Plutôt discret depuis son départ de Matignon, l'ancien Premier ministre fait un retour remarqué sur la scène publique, ces derniers jours. Un come-back qui pourrait durer encore quelques temps, puisqu'il s'est confié au journaliste Jean-Pierre Bédeï pour un livre, Sur proposition du Premier ministre... (L'Archipel), qui sortira début janvier.

Le JDD en révèle de courts extraits, dimanche 21 décembre. Celui qui est aujourd'hui député de Loire-Atlantique revient notamment sur son remplacement par Manuel Valls, au lendemain de la déroute socialiste aux municipales de mars 2014. Et visiblement, il garde son limogeage en travers de la gorge, estimant avoir payé pour les échecs de la gauche "sur le plan local" et se voyant comme une "victime expiatoire" :

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Certes, le contexte national a joué, mais des villes ont été perdues parce que la gauche n'avait pas fait ce qu'il fallait sur le plan local ; je n'en étais pas responsable. En quittant Matignon, j'ai eu l'impression d'avoir eu le dos large, d'être une victime expiatoire

"

Jean-Marc Ayrault, sacrifié pour montrer aux Français que le message des urnes avait été entendu ? Pas seulement : dans le même livre, François Hollande se confie sur celui qu'il avait nommé chef du gouvernement en mai 2012. Le commentaire du chef de l'État est aigre-doux :

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[Jean-Marc Ayrault] était d'une loyauté totale [...] mais il n'était pas le mieux à même de communiquer pour le gouvernement et on se superposait un peu en termes de personnalités.

"

Une analyse de la ressemblance des deux têtes du tandem exécutif - formulée de manière récurrente par les observateurs en début de mandat - rendue caduque par la nomination de Manuel Valls à Matignon. Les quelques tensions entre les deux membres du "nouveau" couple au sommet de l'État s'expriment d'ailleurs régulièrement à coups de références historiques visant à marquer leurs territoires respectifs (ici ou ). 

Le début d'année pourrait donc être marqué par les révélations et autres anecdotes contenues dans ce livre, prolongeant ainsi les dernières prises de position de Jean-Marc Ayrault.

En toute subtilité, ce dernier s'est d'abord rappelé au bon souvenir de François Hollande le 12 décembre, en tweetant une interview qu'il avait donnée aux Échos en novembre 2013, annonçant une "remise à plat de la fiscalité" (jamais entreprise) et plaidant pour le prélèvement de l'impôt sur le revenu à la source. La raison d'une telle piqûre de rappel ? François Hollande lui-même a récemment demandé aux députés socialistes de plancher, justement, sur un dispositif de prélèvement à la source. 

Six jours plus tard, Le Lab révélait une lettre, signée notamment par Jean-Marc Ayrault (et 140 députés au total), demandant au gouvernement de ne pas abandonner l'idée d'une taxe sur les transactions financières, engagement n°7 du candidat Hollande. Une manière de mettre la pression sur son successeur à Matignon.

Entre-temps, on avait appris que François Hollande voulait initialement que son ancien Premier ministre soit nommé au Conseil constitutionnel, et non Lionel Jospin. Une offre que l'ancien maire de Nantes a gentiment déclinée.



BONUS TRACK

Quelques mois avant d'être finalement remerciés du gouvernement, Arnaud Montebourg et Benoit Hamon avaient œuvré pour remplacer Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls à Matignon, en mettant par exemple leur propre démission dans la balance. Une alliance éphémère qui fait aujourd'hui dire à Jean-Marc Ayrault dans ce même ouvrage :

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[C'est] un axe d'ambitions sans véritable fondement idéologique.

"

Du rab sur le Lab

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