Il semble de la plus haute importance d’en avoir, pas trop molles ni trop petites si possible, et ce même si la nature devrait vous en avoir dépourvu(e). Vous pouvez éventuellement vous risquer à en casser quelques-unes, mais à vos risques et périls. Et malgré la discrétion naturelle de leur localisation anatomique, elles ont tendance, dès lors qu'il s'agit de politique, à se retrouver un peu partout.
Nous parlons évidemment de cette petite paire d’attributs masculins. Enfin, "nous"... Pas tellement. Mais les politiques, eux, en parlent. Souvent. De gauche, de droite ou d'ailleurs, hommes ou femmes... très nombreux sont les responsables publics à user de la métaphore testiculaire pour les besoins de leurs analyses politiques.
Tentative de classification, car la roubignole en politique n'est pas uniforme.
- 1. Celles qui ne sont pas là
L'absence de joyeuses, comprenez le manque de courage, est vilipendé en politique. Ne pas en avoir, c’est mal.
# Benoît Hamon
Le livre Le bal des dézingueurs (éd. Flammarion), publié mercredi 9 mars, nous offre sur un plateau une énième preuve de la prédominance des testicules dans la sphère politique. Parmi tous les off croustillants dévoilés par les deux journalistes Laurent Bazin et Alba Ventura dans leur livre, il y a cette phrase lâchée par Benoît Hamon, le 10 avril 2015. À quelques semaines du congrès du Parti socialiste, à Poitiers, l'ancien ministre de l'Éducation nationale est furieux : Martine Aubry l'a lâché pour rejoindre la motion défendue par Jean-Christophe Cambadélis et Manuel Valls. Alors le député des Yvelines laisse parler sa colère : "Pas de doute, le mec qui ouvre un magasin de couilles en face de Solférino, il se fait un paquet de fric !"
# Nathalie Kosciusko-Morizet
NKM est une habituée de la référence. Il lui arrive de rager contre ceux qui, dans son parti, "n'ont pas beaucoup de couilles et se sont planqués derrière celle qui, par nature, n'en a pas". Le 7 mars encore, dans un portrait du Monde qui lui était consacré juste avant l'annonce de sa candidature à la primaire, la députée de l'Essonne se déclarait "en mode greffage de couilles" avec ses collègues LR trop timorés à son goût.
# Nicolas Sarkozy
Quand il parle de son ancien "collaborateur", entendez François Fillon, Nicolas Sarkozy a un sobriquet plutôt malveillant. Selon Le Canard Enchaîné du mercredi 2 septembre 2015, l'ancien président appelle ainsi l'ex-Premier ministre "l'eunuque". Il existe une variante : dans leur livre Ça reste entre nous, hein ?, les journalistes Nathalie Schuck et Frédéric Gerschel avaient déjà rapporté que Nicolas Sarkozy taxait François Fillon de "sans couilles".
- 2. Celles qui sont là mais pas assez
Mais il ne suffit pas toujours d’en avoir. Encore faut-il qu’elles soient bien faites et bien utilisées.
# Pascal Cherki
En octobre 2014, le frondeur socialiste Pascal Cherki s'énervait de voir l'Union européenne menacer de retoquer le budget de la France. Mais surtout du manque d'action du gouvernement de François Hollande sur ce dossier. Il avait alors lancé ce vibrant appel : "Si le gouvernement a un peu de courage - pour parler un peu trivialement, une paire de couilles – qu'il s'en serve. Merci."
# Nicolas Sarkozy
Les adversaires de Nicolas Sarkozy sont prévenus : qu'ils fassent preuve de trop de modération et ils risquent fort de se voir attribuer le doux surnom de "couille molle". Tour à tour, François Hollande (dans Le Canard Enchaîné du 9 septembre 2015) et Alain Juppé (dans Le Canard Enchaîné du 14 octobre de la même année) ont connu cette situation.
# Pierre Charon
Fervent sarkozyste, le sénateur LR Pierre Charon est lui aussi un adepte de cette désignation, en tout cas lorsqu'il s'agit de parler de François Hollande et de ses ministres. Selon lui, le chef de l'État est "entouré de couilles molles qui refusent le débat avec Nicolas Sarkozy", car aucun membre du gouvernement n'était venu débattre avec ce dernier à Des Paroles et Des Actes, début février.
- 3. Celles qui sont bel et bien là
Corrolaire de celles-qui-sont-où-pas-là, il y a celles qu’on ne peut pas rater.
# Bruno Le Maire
Bruno Le Maire est de ceux qui aiment parfois souligner qu'ils en disposent. Avant d’être candidat à la primaire, le député de l’Eure fut candidat à la présidence de l’UMP. En juillet 2014, il évoquait le profil idéal du leader de sa famille politique. "À la tête de l'UMP, il faut quelqu'un qui a des couilles !", assénait-il alors. Pas nouveau chez lui qui, en 2012, refusait d’être qualifié de "non-aligné" dans la guerre Copé-Fillon, car "les non-alignés sont des gens qui n’ont pas de ligne, pour ne pas dire 'des gens qui n’ont pas de couilles' !"
# Nicolas Sarkozy
L'ancien président de la République pense être un homme politique courageux. Et, dans sa famille politique, il est de son point de vue le seul. Ce qui semble le placer d'office comme le favori de la primaire de la droite. Cité par Le Canard Enchaîné du 2 septembre 2015, l'ex-chef de l'État estimait ainsi devant ses proches : "Moi, je suis le seul à droite à avoir une expérience présidentielle, j'ai du sens politique, de la volonté et des couilles. Et, tout ça, c'est ce que réclament les électeurs de la primaire."
#Anne Hidalgo
Anne Hidalo est une femme. Mais la nature l’aurait dotée d’attributs masculins, à en croire ce que déclarait la conseillère PS de Paris Marie-Pierre de La Gontrie en avril 2015. En marge d'un portrait consacré à la maire de Paris diffusé par Le Supplément de Canal+, l’ancienne vice-présidente du conseil régional d'Île-de-France évoquait le parcours d'Anne Hidalgo. "Elle a tracé sa route, effectivement, sans que tous n'y prennent gare. Et puis elle est arrivée. C'est qu'en fait elle a des couilles", disait-elle, admirative.
- 4. Celles que l’on casse / qui sont cassées
Et puis, pour peu qu’elles existent, il se peut qu’elles soient malmenées.
# Gilbert Collard
Fraîchement élu député en juin 2012, l’avocat proche du FN prévenait que, lui député, ça allait envoyer du lourd : “Croyez-moi, j'aurai une mission de casse-couilles démocratique. Je ne laisserai rien taire, rien passer."
# Cécile Duflot feat. Eva Joly
Février 2012. Eva Joly est candidate à la présidentielle, mais sa campagne rame un peu. Cécile Duflot, lors d’un meeting de la candidate écolo, fait alors part de sa détermination : "On est dans un moment où il ne faut pas seulement faire campagne, mais indiquer aux pisse-froid et aux casse-couilles que nous n'allons pas arrêter." Quelques jours plus tard, Eva Joly avait repris ces propos à son compte : "Ce n'est pas à moi de me justifier, ce n'est pas aux pisse-froid et casse-couilles, comme dirait ma copine Cécile Duflot, de décider qui doit être la candidate ou pas. Maintenant je ne réponds plus aux questions sur la légitimité."
# Nicolas Sarkozy
Après avoir reconquis son parti, Nicolas Sarkozy a mis en place toute une série de conventions thématiques, séances de travail collectif destinées à bâtir un projet commun pour 2017. Enfin, officiellement. Officieusement, le but était beaucoup plus terre-à-terre, selon Le Point qui rapportait, en décembre 2014, ce propos de l’ex-chef de l’État : "C'est comme pendant la présidentielle, toutes les conventions qu'on a faites, c'était pour occuper les casse-couilles, donc c'est très bien, on va refaire des conventions, et en plus ça évite qu'on dise qu'on n'a pas de programme."
[BONUS TRACK] Mes couilles sur le Front
25 mai 2014. Le FN arrive en tête des élections régionales. C'est la fête à Nanterre, au siège du parti. Jean-Marie Le Pen est ravi. Mais le "Menhir" accuse quand même un peu le coup. Voir sa fille faire mieux que lui l'énerve un chouïa. Alors quand une journaliste lui demande ce que Marine Le Pen a de plus que lui, Jean-Marie Le Pen se mue en poète. "Elle aurait plutôt quelque chose en moins, mais ça tout le monde l'aura remarqué", lâche-t-il en riant. Mais ce n’est que son avis. Avant les européennes de 2014, le secrétaire fédéral de La Ligue du Nord italienne, Matteo Salvini, semblait en effet conquis par la présidente du FN. "C’est une femme, mais elle a des couilles", disait-il selon des propos rapportés par une journaliste de FranceTVInfo.
[BONUS TRACK 2] Mes couilles sur un plateau
Février 1988. Le Premier ministre Jacques Chirac est profondément énervé par l'attitude de son homologue britannique, Margaret Thatcher. Cette dernière veut que le Royaume-Uni soit remboursé, en partie, de sa contribution au budget de l'Union européenne. Commentaire de Jacques Chirac en pleine réunion sur la politique agricole commune à Bruxelles : "Mais qu’est-ce qu’elle veut cette mégère ? Mes couilles sur un plateau ?"