#MULTIPLEX – Après une semaine politique extrêmement chargée, entre le livre d'une ex-compagne et la démission d'un secrétaire d'État, voici venu le temps des interviews politiques dominicales. Au menu de ce dimanche 7 septembre : Jean-Luc Mélenchon à C Politique, Christian Estrosi dans BFM Politique, Nathalie Kosciusko-Morizet au Grand Jury et Xavier Bertrand sur 18h Politique.
Comme toujours, Le Lab se plie en quatre pour suivre ces différentes interviews et vous propose ses morceaux choisis au fur et à mesure de la soirée.
>> Jean-Luc Mélenchon à C Politique sur France 5
#Hollande ce menteur
Jean-Luc Mélenchon attaque d'entrée François Hollande, un président qui selon lui paie aujourd'hui "ses mensonges". Et, même s'il avait appelé à voter pour lui au second tour de la présidentielle de 2012, Mélenchon ne porte pas le chef de l'État dans son cœur. Voici comment il le décrit :
C'est un menteur et un fourbe par-dessus le marché c'est-à-dire qu'il entraîne les gens à croire des choses pour le seul plaisir ensuite de les navrer. Moi il m'a fait ça avec l'amnistie sociale.
Jean-Luc Mélenchon fait référence à l'une de ses grandes revendications, non satisfaite par François Hollande en 2013.
Hollande serait donc "un menteur". Et, pour Mélenchon, le portrait dressé par Trierweiler dans son livre n'est sans doute pas si éloignée de la réalité. Il ajoute :
Politiquement, ce n'est pas l'homme du commun, des gens simples.
#Cassandre
Bon, Jean-Luc Mélenchon n'est quand même pas très optimiste sur l'avenir. Le futur, il l'imagine sombre :
Je ne suis pas devin, je ne sais pas comment ça va se terminer, mais le mélange est explosif. […] Les gens n'en peuvent plus et ils ont raison.
Déjà, fin août, lors de la conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé qu'il quittait la coprésidence du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon avait déjà prévenu. "Quelqu'un a dit qu'il peut y avoir un tsunami social, et d'ailleurs nous le souhaitons", avait-il déclaré.
#Ça va buzzer
Chantre de la VIème République, Jean-Luc Mélenchon prépare l'après. Mais pas question de créer un autre parti. "J'en ai déjà un", lance-t-il. Non, l'ancien candidat à la présidentielle ambitionne de "créer un mouvement". Comment ? En usant des technologies qui facilitent la démocratie participative. Il précise :
C'est par réseaux sociaux que nous allons créer le mouvement VIème République.
#Thévenoud
La démission du secrétaire d'État Thomas Thevenoud a marqué la semaine politique. Mais l'histoire n'est pas terminée car le démissionnaire ambitionne de retourner à l'Assemblée. Ce à quoi s'oppose Jean-Luc Mélenchon :
Il peut arriver qu'on se trompe. Ça peut arriver, je n'en sais rien. […] Mais oublier de payer ses impôts ? Oublier ? Trois ans ? Non, c'est insupportable. Mais la vraie question, ce n'est pas cet homme-là, je ne le connais pas. Peut-être est-il un excellent père de famille et un très bon ami pour son chien. Mais comme député : zéro.
>> Christian Estrosi sur BFM Politique
#Le changement
Christian Estrosi est clair : il faut "tout changer". Et notamment à l'UMP. Le député-maire de Nice n'en peut plus des clans, des courants, "c'est-à-dire ce qu'il y a de plus mortifère pour les appareils politiques" selon lui. À l'inverse, il veut une démocratie organisée à partir des fédés. Et il prévient :
Je le dis très fort, si on ne change pas tout cela, je n'en serai plus. S'il n'y pas ce changement profond, je ne ferai plus partie de l'UMP.
#Gros <3 avec les doigts
Christian Estrosi évoque le cas Hollande, "un homme qui au fond finit, au-delà de me faire de la peine, de m'inquiéter", selon les mots du maire de Nice. En filigrane, l'expression "sans-dents" par laquelle, selon Valérie Trierweiler, le chef de l'État désigne les gens pauvres. Et ça, Estrosi ne l'admet pas. Il ajoute :
Je crois qu'on ne peut pas faire de politique dans notre pays sans aimer les autres, en étant indifférent aux autres. […] Tous les soirs je me couche en me disant 'est-ce que j'ai pas laissé quelqu'un sur le bord du chemin'.
Et, comme Xavier Bertrand sur i>Télé, Christian Estrosi regrette que le président n'ait pas démenti ces propos.
#Thévenoud, c'est comme Le Pen
Christian Estrosi dresse un parallèle entre l'ancien secrétaire d'État Thomas Thévenoud et Jean-Marie Le Pen. Le premier a démissionné du gouvernement pour défaut de paiement de ses impôts. Le second a proposé en juin dernier de faire une "fournée" des artistes s'opposant au FN. Eh bien, pour Estrosi, ces deux personnalités politiques auraient dû être exclues de leur camp.
Bon, pour le député maire de Nice, l'épisode de la "fournée" lui parait quand même "plus grave" parce que ça rappelle "les heures les plus sombres de notre histoire".
#Valeurs actuelles
Pour débattre avec Christian Estrosi, David Assouline est venu avec quelques documents. Trois une du magazine Valeurs Actuelles, pour être précis, une sur les Roms, une autre sur les musulmans, et la dernière représentant Najat Vallaud-Belkacem et un titre : "L'ayatollah".
Christian Estrosi défend la publication :
Valeurs actuelle est un grand journal d'opinion qui dit sans doute un certain nombre de vérités sur ces sujets.
Et quand David Assouline le relance sur "le racisme" de ces publications, le député UMP voit rouge. "Vous prônez la haine de la France, tout simplement", lance-t-il au socialiste.
Le 3 septembre, Valeurs actuelles a décidé de porte plainte contre David Assouline et Sihem Souid qui ont qualifié sa une de "raciste".
>> Nathalie Kosciusko-Morizet au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro
#Comme Mélenchon
NKM a un point commun avec Mélenchon. Comme l'ancien co-président du Parti de gauche, elle a un énorme reproche à faire à François Hollande : "le mensonge".
Elle explique :
Il n'y a pas d'exercice plus cruel pour François Hollande – mais ça à la limite c'est son problème – mais pour les Français, que de reprendre la fameuse anaphore de la campagne présidentielle, 'Moi président, je...', avec des phrases au futur et de la transposer au présent 'Lui président, il...'.
Et Nathalie Kosciusko-Morizet de faire sien l'un des arguments des frondeurs selon lequel François Hollande n'a pas été élu pour mener la politique qu'il mène aujourd'hui. "Aujourd'hui il n'a même pas la courtoisie de dire aux Français 'en fait j'ai changé d'avis'", ajoute la députée UMP.
#Et comme Le Pen
Et un autre point commun avec Mélenchon… et avec Marine Le Pen aussi du coup. Comme les deux anciens candidats à l'élection présidentielle - et Christian Estrosi sur BFM Politique - NKM cite le fameux passage du livre de François Hollande paru en 2006 Devoirs de vérité et dans lequel celui qui était alors premier secrétaire du Parti socialiste préconisait, si la gauche arrive au pouvoir, un "exercice de vérification démocratique" en milieu de mandat et la possibilité d'une démission de la présidence de la République.
Le fameux passage le voici:
Si d’aventure, à l’occasion de cette vérification, une crise profonde se produisait, ou des élections intervenaient, contredisant l'élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en quittant la présidence'.
En revanche, NKM refuse de demander une dissolution de l'Assemblée nationale.
#Lapsus
Oups, la langue de Nathalie Kosciusko-Morizet a fourché. L'ancienne ministre de l'Écologie répète maintes fois qu'elle est favorable au retour de Nicolas Sarkozy. "Quand on est à la guerre, on a besoin d'un général", dit-elle.
Et puis patatras. Alors que l'affaire Bygmalion est évoquée, NKM lâche :
Je ne crois pas qu'il soit pour rien dans cette affaire.
Alors évidemment, c'est tout l'inverse que la députée UMP veutdire. Le lapsus étant repéré et relevé, elle l'assure plusieurs fois : pour elle, Nicolas Sarkozy est "plutôt victime de cette affaire".
>> Xavier Bertrand à 18h Politique sur i>Télé
#Sarkozy non non
C'est l'un des détracteurs les plus durs de Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, si ça ne tenait qu'à lui, l'ex-président ne reviendrait pas en politique. Xavier Bertand l'a déjà dit. Cette fois il explique pourquoi. "J'ai bien mesuré les raisons de notre défaite en 2012, défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, défaite de l'UMP aux élections législatives. Même moi j'ai eu une élection législative très difficile, j'ai été élu de peu", commence-t-il. Il ajoute :
Il faut bien aussi dans ces conditions-là pas seulement réagir le soir de l'élection mais voir ce qu'il s'est passé. Il y a eu la crise mais aussi beaucoup de nos électeurs nous reprochent de ne pas avoir fait nos réformes jusqu'au bout.
#Faux suspense
Xavier Bertrand parle beaucoup de Nicolas Sarkozy. Et s'il rappelle que, au soir du second tour de l'élection présidentielle de 2012, l'ancien président avait annoncé son retrait de la vie politique, le député de l'Aisne ne se fait pas d'illusion :
Son retour : faux suspense. Son élection à la présidence de l'UMP par le choix des militants : faux suspense. Mais la question n'est pas là : qu'est-ce qu'on fait de l'UMP pour l'UMP ?
Comme Christian Estrosi sur BFM Politique, Xavier Bertrand réclame un changement profond du parti de la rue Vaugirard. Il ne veut plus d'un parti "trop centralisé, trop parisien".
#Sans-dents
Xavier Bertrand revient sur l'expression par laquelle, selon Valérie Trierweiler, François Hollande parle des gens pauvres : les "sans-dents". Le député UMP dénonce avec force cette expression – qu'il prend bien soin de ne pas citer. Et attaque le président :
Il n'a pas démenti les propos qui lui sont prêtés, des propos infamants, violents, méprisants. Il n'a pas démenti ce mot terrible. Et quand on se souvient des discours de François Hollande au moment de la campagne ou dans sa carrière, sur les plus démunis, ceux qu'il fallait aider, et quand vous voyez ce mot terrible et infamant qui est déjà repris par les Français qui se sentent concernés, qui se sentent visés, vous dites qu'il n'y a aucune sincérité chez François Hollande.
Vendredi 5 septembre, François Holland est revenu sur les mots que lui prête son ex-compagne. "Je n'accepterai jamais qu'on puisse mettre en cause l'engagement de toute ma vie" au service "des plus pauvres", a-t-il déclaré.