#MULTIPLEXPOLITIQUE – C’est dimanche, et comme chaque dimanche, c’est le jour de notre multiplex politique. Tout au long de la journée et des interviews politiques dominicales, Le Lab se plie en quatre (voire plus) pour vous proposer ses morceaux choisis de ces rendez-vous qui lancent la semaine politique.
Au programme de ce 17 avril : Brice Hortefeux, Jean-Michel Baylet, Marion Maréchal-Le Pen, Florian Philippot, Najat Vallaud-Belkacem et Patrick Kanner.
- Deuxième partie
>> Najat Vallaud-Belkacem, BFM Politique, BFMTV / Le Parisien / RMC
# Attention aux nihilistes
Alain Finkielkraut a été prié de "se casser" de la place de la République , samedi 16 avril. Le philosophe n’était pas le bienvenu à la 17ème Nuit debout. Najat Vallaud-Belkacem, qui ne partage pas les positions idéologiques de l’Académicien, a pourtant condamné ces agressions verbales envers lui. Elle dénonce :
"Soyons clairs : je condamne absolument l’accueil qui lui a été réservé. Je ne suis pas toujours d’accord avec ce que dit Alain Finkielkraut mais je me battrai jusqu’au bout pour qu’il puisse le dire. Moi je fais mien ce précepte. En République je crois que c’est absolument indispensable, qui plus est d’ailleurs place de la République.
Est-ce que je conserve de la bienveillance pour Nuit debout ? Il faut être très vigilant parce qu’il ne faudrait pas que l’emportent les antidémocratiques, les nihilistes qu’on voit quand même s’exprimer, sans parler même des violents, de ceux qui cassent et qui débordent, parce que je crois que dans ce mouvement, il y avait plus que ça. Il y avait aussi une envie d’engagement de citoyenneté de débat de politique autrement. Les images des derniers jours me rendent assez inquiète sur ce qu’est en train de devenir le mouvement.
"
Notons que la ministre de l’Education nationale parle déjà de Nuit debout au passé… alors que la fin du mouvement n’a pas été annoncée.
>> Patrick Kanner, 18 h Politique, iTélé
# "En 2012 il n'y avait pas" is the new "Moi président"
Invité de l’émission Dialogues citoyens sur France 2 jeudi 14 avril, le chef de l’Etat a défendu son bilan. "Ca va mieux", a-t-il affirmé. Pour étayer les propos tenus par le président, Patrick Kanner a vanté les dispositions prises envers la jeunesse. Ainsi le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, tel le candidat François Hollande et son "moi président", s’est-il lancé dans une anaphore :
"En 2012, il n’existait pas la garantie jeune. En 2012, le service civique était balbutiant. En 2012, il n’y avait pas les emplois d’avenir. En 2012, il n’y avait pas la prime d’activité ouverte aujourd’hui aux jeunes.
"
Et d’embrayer sur la loi El Khomri, souvent caricaturée à tort selon lui :
"La loi El Khomri est une réponse à un phénomène qui est majeur : 90 % des personnes qui entrent sur le marché du travail aujourd’hui rentrent en CDD ou en intérim [...] Souvent on caricature la loi El Khomri, mais moi je ne participe pas de ce procès en sorcellerie.
"
# Une honte
Tout comme sa collègue de l’Enseignement, au même moment sur BFMTV, Patrick Kanner a dénoncé l’éviction d’Alain Finkielkraut de la place de la République
"Je suis intéressé par ces mouvements qui constituent une forme de démocratie participative peut-être nouvelle à condition naturellement qu’il n’y ait pas d’excès. Je crois que vous serez d’accord avec moi sur cette honte qu’a représentée l’éviction hier d’Alain Finkielkraut de la place de la République. [...] Je pense que c’est important que les intellectuels, même si on n’est pas d’accord avec eux, puissent être là pour discuter avec vous. Sinon on tomberait dans une démarche sectaire qui n’est pas dans les fondamentaux de Nuit debout.
"
Le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, s’est cependant interrogé sur la finalité politique du mouvement Nuit debout, en se référant aux indignés espagnols "qui se sont transformés en mouvement politique" :
"A un moment donné, il se posera la question : pour quoi faire ? Et quelles conclusions politiques ?
"
- Première partie
>> Brice Hortefeux, Le Grand Rendez-Vous, Europe 1 / Le Monde / iTélé
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# Le pape, d'accord. Mais les autres ?
L'ancien ministre de l'Intérieur et très proche de Nicolas Sarkozy est interrogé sur le geste du pape François, à Lesbos (Grèce) samedi, qui a ramené au Vatican 12 migrants syriens. Se disant "attentif à ce qu'exprime" le souverain pontife qui a "une grande autorité morale", Brice Hortefeux affirme être "impressionné par la valeur du symbole". Et demande aussitôt aux "chefs des autres religions" de faire "de même", soulignant que "les chrétiens sont la religion la plus persécutée au monde" et évoquant un manque de condamnation des attentats qui ont frappé l'Europe et le Pakistan dernièrement de la part des "autres" autorités religieuses. Il dit :
"Immédiatement, je forme un souhait : que les chefs des autres religions agissent de même, s'expriment de même, alors que les chrétiens sont aujourd'hui la religion la plus persécutée au monde. Et j'aurais aimé qu'il y ait toutes les voix qui s'expriment, de toutes les religions, pour condamner ce que nous avons connu en France, ce que nous avons connu à Bruxelles en Belgique et ce que nous avons connu encore il y a quelques jours à Lahore au Pakistan, où 72 chrétiens ont été massacrés et parmi eux 29 enfants.
J'aurais souhaité que les chefs des autres religions agissent également de même.
"
# Instrumentalisation
"C'est une démonstration supplémentaire du sectarisme, de l'intolérance." Brice Hortefeux dénonce ce qui s'est passé sur la place de la République à Paris, samedi soir : Alain Finkielkraut a été fermement viré de Nuit debout aux cris de "facho" et "saloperie". Mais l'ex-Premier flic de France s'indigne surtout de voir ce mouvement perdurer en plein état d'urgence : "Aujourd'hui, il n'y a pas un maire d'arrondissement [de Paris] qui peut organiser une braderie, une rencontre, une manifestation festive et là, les autorités acceptent qu'il y ait nuit après nuit ces manifestations 'nuit debout et gouvernement par terre'".
Demandant "l'évacuation" de la place de la République et l'interdiction de ces rassemblements, Brice Hortefeux estime ensuite que cette absence de réaction des autorités relève "peut-être" d'une "tactique" de la part du gouvernement :
"- Brice Hortefeux : Aujourd'hui, c'est un trouble à l'ordre public. Nous vivons sous état d'urgence, et là le gouvernement ne fait rien.
- François Fressoz (Le Monde) : Le gouvernement est complice ?
- Brice Hortefeux : Peut-être même est-ce une tactique... Peut-être même que ça favorise, qu'il y ait ce trouble, que ça évite de parler d'autres sujets...
"
>> Jean-Michel Baylet, 12/13 dimanche, France 3
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# Soutine à Nuit debout
Le ministre de l'Aménagement du territoire est lui aussi interrogé sur Nuit debout (mais pas précisément sur l'incident avec Alain Finkielkraut). Dans la foulée de François Hollande jeudi soir sur France 2, Jean-Michel Baylet apporte un certain satisfecit au mouvement, tout en "condamnant" les violences, qu'il attribue à "des casseurs" :
"On ne peut voir les mouvements de jeunesse que d'un bon oeil, c'est un mouvement sympathique. La partie violence, on ne peut que la condamner. [...] Il y a des casseurs, et avec eux on doit être intraitable.
"
# Représente (à la primaire)
Pour Jean-Michel Baylet, c'est très net : "La logique veut que François Hollande" soit candidat à sa réélection en 2017. Certes. Mais une fois qu'il a dit ça, celui qui avait participé à la primaire socialiste en 2011 sous les couleurs du PRG dont il était le président (0,6% des voix) n'en oublie pas pour autant son parti. En cas de primaire à gauche pour la prochaine présidentielle, il estime en effet que le Parti radical de gauche devra être représenté. Il dit :
"Il faudra qu'il y ait un candidat des radicaux de gauche s'il y a une primaire. [...] C'est une idéologie qui doit être présente dans la primaire, si primaire il y a.
"
Mais il ne sera pas lui-même candidat. "Moi, je crois que mon temps sera passé", précise-t-il.
>> Marion Maréchal-Le Pen, Le Grand Jury, RTL / Le Figaro / LCI
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# Il est où le respect ?
La députée FN du Vaucluse n'a pas franchement apprécié l'émission Dialogues Citoyens avec François Hollande sur France 2, jeudi soir. Et pas seulement sur le fond politique. Marion Maréchal-Le Pen a aussi été un peu choquée de la manière offensive dont a été interviewé le chef de l'État par Léa Salamé. Si elle ne cite pas nommément la journaliste ni d'exemple précis, l'élue frontiste trouve "gênant" de voir le Président se faire "couper la parole", car cela constitue selon elle "un abaissement terrifiant de la fonction présidentielle".
Elle explique :
"Moi je ne comprends pas comment François Hollande a pu se prêter à cet exercice médiatique. On a assisté à un abaissement terrifiant de la fonction présidentielle. Il se fait couper la parole, il rame, il ment, il essaye de placer coûte que coûte ses petits éléments de langage... [...] Que ce soit François Hollande ou que ce soit quelqu'un d'autre, j'estime quand même qu'il y a une façon aussi d'interroger le président de la République. On peut être sans concession sans être irrespectueux.
[...] Je trouve que quand on coupe la parole au président de la République, ça me gêne, voilà. Que ce soit François Hollande ou quelqu'un d'autre, j'estime que c'est un exercice qui participe de l'abaissement de la fonction présidentielle. [...] J'ai trouvé qu'il avait été, à travers la fonction, assez malmené - je défends pas du tout François Hollande, je suis très critique, mais ce qui me dérange c'est qu'à travers lui c'est l'institution en elle-même qui est frappée, pour lui et pour les suivants. Et c'est ça qui me pose une difficulté.
"
Pour rappel, Léa Salamé a notamment interpellé le chef de l'État d'un "c'est une plaisanterie !?" de fait rarissime lors d'une interview présidentielle. Et Gilbert Collard, qui n'est ps le dernier des provocateurs comme il le dit lui-même, partage le jugement de Marion Maréchal-Le Pen à ce sujet :
Collard sur la sortie de Salamé face à Hollande. "C'est une plaisanterie" ? "Je ne me le serais pas permis, dieu sait que j'aime la provoc'"
— Maxime LAURENT (@LAURENTMaxime) 17 avril 2016
# Triangulation
Pour Marion Maréchal-Le Pen, François Hollande "essaye de faire mousser Emmanuel Macron" à travers son mouvement, "En Marche !". Un parti qui a été créé avec la bénédiction du chef de l'État, d'après le ministre de l'Économie lui-même... ce qui n'a pas empêché le premier de rappeler au second qui était le patron en direct à la télé. Mais au-delà de la relation personnelle entre les deux hommes, la députée FN y voit une manoeuvre du chef de l'État pour affaiblir... Manuel Valls. Elle dit :
"Je suis convaincue que l'initiative d'Emmanuel Macron n'a pas pu se faire sans l'aval de François Hollande. Il a vu les velléités présidentielles de Manuel Valls, il essaye de court-circuiter ça avec Emmanuel Macron.
"
Tout à sa critique de l'action de ce dernier ("J'ai du mal à comprendre l'engouement pour Emmanuel Macron, c'est quoi son bilan ?"), la petite-fille de Jean-Marie Le Pen a aussi commis un léger lapsus à son sujet : "Il est président de l'Économie maintenant.. euh pardon, pas président, ministre de l'Économie !"
>> Florian Philippot, Le Supplément, Canal +
# Keur sur les Français
Le banquet organisé par l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol, samedi 9 avril, a réuni 600 personnes d'horizons très divers : anti-avortement, Bonapartistes ou négationnistes comme Robert Faurisson. Jean-Marie Le Pen, proche du directeur de publication de Rivarol Jérôme Bourbon, était également présent, lui qui espère toujours réintégrer le Front national après son exclusion en août 2015. Mais selon Florian Philippot, il ne joue "certainement pas" le rôle de rabatteur pour le FN. Le numéro deux du parti frontiste a tenu à montrer son opposition totale à ce qu’il appelle "l’extrême droite".
"Vous voyez, ça c’est l’extrême droite. [...] Tous ces gens-là, la plupart de ceux qu’on a vus là, il y en a que je connais pas heureusement, il y en a que je connais par Twitter ou par Facebook, ils m’insultent en permanence et ils insultent Marine Le Pen en permanence.
"
Et d’enchaîner sur Robert Faurisson : "C’est l’horreur absolue". Selon le conseiller régional dans le Grand Est, les personnes présentes au banquet "vomissent et détestent le Front national et Marine Le Pen".
"Ils aimeraient qu’un parti puisse représenter leurs idées. Bah pas de chance, non. Nous sommes républicains, nous sommes pour le rassemblement des Français, nous combattons le racisme et l’antisémitisme et oui nous sommes en revanche souverainistes, patriotes, nous croyons en notre pays mais nous avons de l’amour pour notre pays. Nous n’avons pas de haine de l’autre.
"
La dédiabolisation à travers l’antithèse amour-haine.
# Le buzz parisien médiatique, c'est n'imp
Depuis plusieurs mois, Marine Le Pen opère un silence médiatique et court-circuite la presse, la radio et la télévision en organisant des rendez-vous sur Facebook ou en s’exprimant directement sur son blog , Carnets d’espérances.
Décision saluée par Florian Philippot :
"Marine Le Pen a pas totalement disparu des écrans radar. Elle a pris cette décision qui, je pense, est la bonne, de ne pas être, de ne plus être dans le commentaire quotidien, du buzz parisien médiatique, de la dernière anecdote, du dernier commentaire du commentaire. C’est pas de son niveau.
"
Ce discours est quelque peu étonnant de la part du squatteur des matinales de l’année 2015 . Il poursuit en moquant les déplacements sans caméras de Nicolas Sarkozy (sans le nommer), et chante les louanges du blog de Marine Le Pen, dans lequel elle apparaît avec beaucoup de photos de chats :
"Elle privilégie aussi ce contact direct, elle fait un tour de France, elle rencontre hors caméras, mais vraiment hein, pas comme d’autres qui vous disent hors caméras et en fait quand vous arrivez il y a 10 caméras [...] Elle tient un blog qui s’appelle Carnets d’espérances où elle raconte ses rencontres avec les Français. [...] C’est une amoureuse des chats, c’est vrai, voilà, elle a beaucoup de chats. Un chien aussi, bon. C’est une amoureuse des animaux, en quelque sorte. Bon, elle se montre, on la découvre, peut-être, sous un angle différent.
"