Le multiplex politique du 12 mars avec Le Pen, Peillon, Guaino, Nicolas Dupont-Aignan et Hortefeux

Publié à 11h39, le 12 mars 2017 , Modifié à 19h14, le 12 mars 2017

Le multiplex politique du 12 mars avec Le Pen, Peillon, Guaino, Nicolas Dupont-Aignan et Hortefeux
Brice Hortefeux, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Henri Guaino et Vincent Peillon © Montage Le Lab via AFP

#MULTIPLEXPOLITIQUE - C’est dimanche, et comme chaque dimanche, c’est le jour de notre multiplex politique. Tout au long de la journée et des interviews politiques dominicales, le Lab se plie en quatre (voire plus) pour vous proposer ses morceaux choisis de ces rendez-vous.

Au programme de ce dimanche 12 mars : Marine Le Pen dans Punchline (C8), Vincent Peillon et Henri Guaino à BFM Politique (BFMTV/Le Parisien/RMC), Nicolas Dupont-Aignan au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI et Brice Hortefeux à Dimanche politique (CNews).



  • Marine Le Pen


# JMLP ? C ki ?

Malgré le conflit toujours ouvert entre Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen, le premier a finalement décidé de parrainer la seconde pour la présidentielle. Il semble donc qu'il ne pense plus que la stratégie de sa fille mène le FN vers la défaite, comme c'était encore le cas il y a peu de temps... Mais passons. Car en dépit de ce parrainage, "le menhir" compte toujours présenter ses propres candidats aux législatives. Combien ? Cela intéresse peu Marine Le Pen, qui lâche sur C8 ce dimanche :

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Écoutez j'en sais rien, mais c'est epsilonesque, donc...

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Des synonymes ? "Insignifiant", "mineur", "négligeable". Sympa quoi. Pour le reste, Marine Le Pen "ne sait pas" combien d'élus elle compterait avoir derrière elle grâce aux législatives en cas de victoire à la présidentielle. "Les législatives vont bénéficier des dynamiques qui vont se mettre en place pendant la présidentielle, c'est toujours comme cela, explique-t-elle. Il est extrêmement difficile de faire des projections avant de savoir comment l'élection présidentielle va se dérouler." Mais cela ne l'empêche pas de promettre une "majorité" étendue à l'Assemblée nationale, qui ne serait pas composée de seuls élus de son propre parti :

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Nous aurons une majorité présidentielle où il y aura en partie du Front national mais où il y aura aussi d'autres élus, qui ne seront pas étiquetés Front national.

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Un propos tenu à l'affirmative donc, et qui vient confirmer la stratégie d'alliances avec des personnalités de droite que tente de conclure le FN, sans trop de succès jusqu'ici.

# Philippot à Matignon ? LOL

On ne sait pas de qui il s'agit, mais Marine Le Pen a en tête l'identité précise de son éventuel(le) Premier(e) ministre. Comme une illustration de sa stratégie d'ouverture, cette personne ne sera d'ailleurs "pas forcément" issue des rangs du FN, a-t-elle déjà indiqué. Une idée qui RA-VIT les cadres du FN. Ce dimanche, la patronne du FN assure encore qu'elle a une idée "fixe" de qui deviendrait chef du gouvernement si elle était élue Présidente. "Mais je garde ça par-devers moi pour l'instant", élude-t-elle. S'en suit cet échange :

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- Laurence Ferrari : Florian Philippot, qui était sur mon plateau, disait qu'il se verrait bien Premier ministre



- Marine Le Pen : [S'esclaffe] HAAA oui, mais il doit pas être le seul à bien se voir à ce poste ! [Rire]

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Une séquence à revoir dans cette vidéo :



Voilà qui ne devrait pas tomber dans l'oreille d'un sourd.





  • Vincent Peillon 


# Vous ne pouvez pas comprendre ce que je dis

Sur Franceinfo : vendredi dernier, le porte-parole de Benoît Hamon avait assuré, pour justifier son analyse selon laquelle Emmanuel Macron incarnerait "l’UMPS" , que c’était un fait aussi avéré que l’existence des chambres à gaz . Après cette explication, En marche ! avait carrément demandé le retrait de Peillon de le campagne de Hamon . Invité de BFM Politique ce dimanche 12 mars, l’ancien candidat à la primaire de la Belle Alliance Populaire est revenu sur cette polémique. Voici l’échange qu’il a eu avec le journaliste :

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- Vincent Peillon : Je suis assez affligé par cette polémique et je voudrais dire les choses très nettement. Jamais dans mon esprit je ne compare un mouvement politique à cet épisode tragique de l’Histoire. Jamais. Non seulement En marche ! mais je le dis solennellement, aucun mouvement politique français et par rapport à cet événement de l’Holocauste et des chambres à gaz, il est évident qu’aucune comparaison ne serait même décente. Par contre, il y a un problème. Le problème, c’est que lorsqu’il y a des vérités de fait, c’est-à-dire des choses qui sont indéniables, il ne faut pas les nier.Et j’ai pris cet exemple historique parce que vous savez, c’est un fait qu’il y a eu des chambres à gaz et certains l’ont nié. Et je voulais dire tout simplement que, dans le débat public, il faut accepter ce qu’Hannah Arendt appelait les vérités de fait. J’ai appelé Emmanuel Macron hier et je lui ai dit deux choses : 1/ Emmanuel, vraiment il faut arrêter ça. Je n’ai jamais et ne laisse pas entendre, ou en tout cas tes porte-parole, que j’aurais comparé. C’est un abaissement du débat public terrible. 2/ Tu le sais puisque tu as fait de la philosophie. C’est absolument fondamental que, dans une démocratie, on puisse établir des faits incontestables. Alors, je vais aller sur le fond. Moi et vous le voyez ma gêne…



- Journaliste (le coupe) : Pardonnez-moi. Avant que vous n’alliez sur le fond, la forme. Dans cette campagne qui est extrêmement tendue, est-ce que c’était une analogie opportune ?



- Vincent Peillon : On peut considérer… Je n’ai pas à dire qu’elle n’était pas opportune. Je peux dire, une fois de plus, mes niveaux de discours peuvent conduire à être utilisés par certains pour ce genre de débats abjects. Je le regrette mais vraiment, je leur en veux parce que les vérités de fait, ça vaut aussi pour eux. Je n’ai pas comparé et donc écrire que je l’ai fait, c’est un mensonge. Et vous savez dans l’histoire, les mensonges sont très coûteux. Pourquoi je dis ça ? Parce que, d’abord je viens sur le fond, et vous voyez ma gêne… L’UMPS, ça me gêne. C’est le vocabulaire du Front national et moi, fondamentalement, je pense que UMP, les républicains aujourd’hui, et PS, c’est précisément différent et ça doit l’être. Mais je constate, et il ne faut pas faire non de la tête comme c’était le cas sur ce plateau à ce moment-là, qu’il y a des gens qui viennent du Parti socialiste et des gens qui viennent de l’UMP qui se réunissent. Et quand je dis ça, on me dit "non". Donc je dis "si". C’est un fait et d’ailleurs, ne niez pas les faits. Après, on peut en avoir des interprétations différentes mais c’est un fait. Donc, je regrette profondément cette polémique.Je dis vraiment qu’elle n’honore pas ceux qui l’ont montée mais je commence à être habitué. Je peux regretter si vous voulez d’être à l’origine de quelque chose qui abaisse notre débat démocratique mais je maintiens très fermement, je n’ai jamais fait cette comparaison et donc attention à ceux qui instrumentalisent, mentent, sont prêts à tout et deuxièmement, je ne reculerai jamais, je ne veux pas de la post-vérité, je ne veux pas qu’on n’ait pas le droit d’établir des vérités de fait.

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Que retenir de cette explication à rallonge de Vincent Peillon ? 1/ Il n’a jamais comparé En marche ! aux chambres à gaz et ne tolère pas qu’on puisse le dire. C’est un message direct pour le macroniste Christophe Castaner, qui a totalement déformé ces propos samedi dans un tweet . 2/ Vincent Peillon attache beaucoup d’importance aux vérités de fait. 3/ Ce n’est pas vraiment de sa faute si "ses niveaux de discours peuvent conduire à être utilisés par certains pour ce genre de débats abjects". Autrement dit, ça fuse parfois tellement vite dans sa tête que les autres ont du mal à suivre et du coup, interprètent mal les choses. 

# Teasing sur le programme

Interrogé par un auditeur sur une mesure fiscale qu’il a présentée pendant la primaire de la BAP – le bouclier fiscal pour les revenus les plus modestes – Vincent Peillon en a profité pour faire un peu de teasing sur le programme de Benoît Hamon. "Il présentera l’ensemble du projet fiscal en fin de semaine prochaine", a-t-il assuré. Et d’expliquer :  

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Le seul qui proposera cette idée qui est absolument fondamentale et qui pose problème en France notamment pour les jeunes générations dont on parlait, c’est la question du capital. Les grandes discriminations aujourd’hui, elles sont sur l’héritage et la transmission. Donc ces éléments de programme arrivent très vite, nous vous le promettons.

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D’après Vincent Peillon, des mesures fortes devraient être proposées pour les revenus les plus modestes dans le programme de Benoît Hamon. C’est noté. 





  • Nicolas Dupont-Aignan


# Shame

Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, est attendu dimanche pour une réunion publique à Metz, en Moselle. Il doit y participer à un meeting pro-Erdogan. La France a autorisé cette manifestation et la venue du chef de la diplomatie turque, alors que ce dernier avait été empêché samedi de se rendre aux Pays-Bas, créant une crise diplomatique entre Ankara et La Haye.

"Le fait que le ministre turc puisse tenir son meeting tient aussi de la liberté de réunion", a commenté une source diplomatique à l'AFP. Alain Carton, secrétaire général de la préfecture de Moselle, a pour sa part assuré qu'il "n'y a pas" de risque de trouble à l'ordre public concernant ce meeting.

Et si le député LR Pierre Lellouche a fustigé cette non-interdiction, Nicolas Dupont-Aignan est lui aussi révolté. La candidat à la présidentielle dit avoir "honte pour la France", jugeant que les autorités "se couchent" devant "un apprenti dictateur" et assurant que s'il avait été aux responsabilités, il aurait pris la décision inverse :

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Oui [j'aurais interdit ce meeting]. J'ai honte pour la France aujourd'hui. J'ai honte que notre gouvernement, notre président de la République, laisse organiser un meeting politique pour un apprenti dictateur turc qui méprise les européens, qui nous menace et qui traite de nazie madame Merkel. [...] Je n'accepte pas qu'on traite un pays ami de nazi, c'est indécent. Et que la France se couche ainsi, c'est pitoyable. Mais c'est la longue suite d'une politique de démission nationale et vivement que monsieur Hollande s'en aille.



Il faut se faire respecter. Quand un pays n'est plus respecté, quand il accepte que sur son sol, on fasse n'importe quoi, ça veut dire qu'il n'est plus respectable. Et là, ce sont les autorités françaises qui ne sont plus respectables.

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# Déception

Philippe de Villiers va-t-il faire le grand saut ? Après les louanges à l'endroit de Marine Le Pen, le fondateur du Mouvement pour la France, parti souverainiste, s'apprêterait à lui apporter son soutien pour la présidentielle, selon Le JDD. Voilà qui concrétiserait la volonté de la présidente du FN de s'allier avec des personnalités extérieures à son parti, dans une logique de normalisation et de dédiabolisation. Interrogé sur ce ralliement en préparation (qui aurait aussi pu s'opérer vers sa propre candidature) lors du Grand Jury, Nicolas Dupont-Aignan fait mine de s'en moquer tout en "regrettant" de ne pas pouvoir compter sur cette figure de l'ultra-droite catholique et souverainiste, qui verse aussi largement dans le complotisme :

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Eh bah très bien pour lui ! Moi je suis candidat et je regrette qu'il me rallie pas.

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  • Henri Guaino 


# Parrainages

Selon la dernière mise à jour du Conseil constitutionnel sur les parrainages pour l’élection présidentielle, Henri Guaino est encore très, très loin du compte. Avec 12 signatures d’élus, il lui en manque encore… 488. Invité de BFM Politique ce dimanche, l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy s’en prend aux élus locaux qui refusent de parrainer "sous prétexte qu’ils ne font pas de politique". Il explique : 

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Ecoutez, les promesses n’engageant que ceux qui les reçoivent, nous allons voir à la fin combien j’aurai de parrainages. Mais voyez, il y a quand même quelque chose d’assez étrange. Monsieur Cheminade en a presque autant que Monsieur Mélenchon. Que représente Monsieur Cheminade ? Monsieur Poutou en a moins que Monsieur Asselineau. Il y a quelque chose d’étrange tout de même. Mais au total, on doit être à 9.000 et quelques parrainages, c’est-à-dire que, pour l’instant, 35.000 élus qui sont désignés par la loi pour parrainer des candidats n’en ont parrainé aucun. L’immense majorité des élus refuse de parrainer […] Beaucoup d’entre eux font un point d’honneur à ne parrainer personne sous prétexte qu’ils ne font pas de politique. Si tout le monde faisait ça, il n’y aurait plus d’élection.

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Une partie des élus locaux refuse effectivement de parrainer tel ou tel candidat à la magistrature suprême. Mais vendredi dernier, le Conseil constitutionnel avait déjà validé 9.223 parrainages . Ce qui veut dire que Henri Guaino a réussi à convaincre seulement 0,13% des élus qui se sont engagés pour un candidat. 

# Mon pari pour la présidentielle

Dans sa quête aux 500 signatures, une question se pose pour Henri Guaino : doit-il demander de l'aide aux Républicains ? "A mes yeux, ce ne sont pas les partis qui doivent décider de l’élection présidentielle", répond-il dans BFM Politique. Au passage, le député des Yvelines en profite pour critiquer le système des primaires, "moyen de verrouiller les candidatures dans des camps". Et de se risquer à un pronostic : 

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Moi, je suis frappé par cet argument. On dit :"il ne faut pas diviser". Comme si le parti était une fin en soi. Comme si le camp était une fin en soi. Merci les primaires d’ailleurs qui ont été le moyen de verrouiller les candidatures dans des camps. Avec ce résultat qui va être extraordinaire. Comme les Français ne veulent plus de tout ça, ni l’un, ni l’autre, ni le candidat de la gauche à la primaire, ni le candidat de la primaire de la droite ne seront au second tour. J’en prends avec vous le pari aujourd’hui. 

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Les derniers sondages semblent lui donner raison puisque François Fillon arrive, pour le moment, en 3e position des intentions de vote et Benoît Hamon en 4e position. Mais il reste encore 42 jours de campagne. 





  • Brice Hortefeux 


Selon Le JDD , un mécène aurait signé le 20 février dernier un chèque de 13.000 euros pour payer à François Fillon deux costumes achetés chez Arnys, un tailleur parisien des quartiers chics. A cela s'ajouteraient, selon l'hebdomadaire, près de 35.500 euros "réglés en liquide" chez ce tailleur, pour un montant de près de 48.500 euros au total depuis 2012. "Un ami m'a offert des costumes en février. Et alors?", a répondu le principal intéressé, dans un entretien aux Echos à paraître lundi 13 mars. Invité de Dimanche Politique sur CNews, Brice Hortefeux s’est amusé de cette information. Il dit :

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Je ne me suis pas engagé dans la vie politique il y a déjà longtemps […] pour arriver à commenter la coupe, la couleur, la texture d’un costume. J’ai connu des campagnes de caniveau, je m’aperçois qu’on en est maintenant à des campagnes de penderie et je ne suis pas tout à fait sûr que ce soit un progrès.

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La stratégie est très connue : pour mieux balayer une information indésirable, autant la dénigrer. 

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