VAUGIRARD EXPRESS - J - 1 avant l’élection du nouveau président de l’UMP (ou quel que soit le futur nom du principal parti d’opposition). Bruno Le Maire, Hervé Mariton, Nicolas Sarkozy : trois candidats aux statures et donc aux stratégies de campagne différentes.
Des candidats que les militants de l’UMP, seuls appelés à élire le successeur de Jean-François Copé, auront eu de nombreuses occasions de rencontrer. Entre le 30 septembre dernier, date limite de dépôt des parrainages pour quiconque souhaitait concourir, et les derniers meetings ce 27 novembre, les trois hommes ont sillonné la France. Mais pas dans les mêmes proportions, ni dans les mêmes territoires.
Surendettée et toujours marquée par l'Affaire Bygmalion, l'UMP n'a pas financé un centime des campagnes des trois candidats, qui ont donc chacun promis de faire dans le low cost.
Au final, qui gagne la médaille du plus gros baroudeur ? Qui a mobilisé le plus de militants ?
# Le marathon de Mariton
Sans surprise, c’est le plus petit des trois qui s’est le moins économisé. Le député de la Drôme a effectué 62 déplacements sur notre période de référence (dont un à Genève, en Suisse), soit environ un par jour (et régulièrement deux par jour). Même mis en lumière par les débats sur le mariage pour tous, Hervé Mariton souffrait d’un certain déficit de renommée par rapport à ses concurrents. Il y a quelques mois, il avait même commandé un sondage pour savoir qui, parmi les Français, le connaissait.
"Nous avons fait 121 rencontres depuis le mois de juin", se félicite l’équipe de campagne d’Hervé Mariton auprès du Lab. Il est "impossible" de mesurer le nombre exact de militants rencontrés, fait-on savoir, avançant une moyenne de 125 supporters par meeting. Soit un peu plus de 15.000 personnes rencontrées depuis le mois de juin. Hervé Mariton a notamment multiplié les petites rencontres dans des cafés ou des brasseries, souvent devant un auditoire restreint, comme en témoigne ce reportage d’Europe 1.
Ses plus gros succès ? Le meeting de Bordeaux et celui tenu au siège de l’UMP, le 26 novembre : "Environ 450 personnes" chacun, selon l'équipe du candidat.
Celui qui se voit comme le représentant du "vote utile" est en revanche passé presque partout, avec de fortes préférences pour la région parisienne, le Nord, l’Est et le Sud-Est. Dormant souvent "chez l’habitant", il a également dû économiser ses ressources : entre 30.000 et 35.000 euros de budget, financés par les dons à son micro-parti "Droit au cœur".
Une campagne modeste mais menée sur un rythme infernal. Suffisant pour concrétiser le doux rêve d’un score à deux chiffres ?
# Le Maire ou le VRP du "renouveau"
L’ancien ministre de l’Agriculture n’a pas lésiné non plus. 45 déplacements depuis le 30 septembre, couvrant lui aussi une bonne partie de l’Hexagone. Dans son camp, on se félicite du succès des meetings de la Mutualité à Paris ("1.600 personnes") et de Carnac ("1.000 personnes"). Au total, son équipe revendique "30 à 35.000" militants rencontrés depuis le mois de juin, pour 95 événements.
"On a privilégié des meetings de proximité nombreux, pour lesquels on n’invitait pas toute une région à la fois. Tout le monde pouvait lui poser des questions et il a serré la main à chacun", fait-on savoir du côté du "candidat du renouveau".
Avec un budget de campagne "d’environ 200.000 euros" financés par son micro-parti Avec BLM, Bruno Le Maire aura peu ou prou privilégié les mêmes régions qu’Hervé Mariton. Reste à savoir combien de sympathisants auront été convaincus de changer symboliquement de machine à laver. Lui est on ne peut plus optimiste : il promet "une surprise XXL" et un second tour après le décompte des voix ce samedi.
# Sarkozy sur ses acquis
Parti en campagne bien plus tard que ses deux adversaires (dont le tour de France avait déjà été bien entamé durant l’été), Nicolas Sarkozy n’a pas cherché à compenser en multipliant les déplacements. 19 au total, sans compter les rencontres avec des élus locaux.
Avec son aura d’ancien chef de l’État, il a naturellement été beaucoup plus mobilisateur. "Environ 70.000" supporters se sont rendus à ses meetings, dont "5.000" à Paris, Marseille, Nice et Bordeaux, affirme son équipe de campagne. Son meeting le moins suivi aurait fait pâlir d’envie Hervé Mariton : "2.000 personnes", assure-t-on chez Nicolas Sarkozy.
"On s’est tenus à une campagne de sobriété et de simplicité, en faisant appel à des bénévoles et en louant des salles très simples, des gymnases, des salles municipales", fait valoir son équipe, qui vante "une campagne très dense qui n’a délaissé aucun territoire". Difficile, cependant, d’ignorer les larges espaces vides qui parsèment la carte de ses déplacements : le Nord, la Bretagne, le Centre (comme les autres candidats) et l'Ouest de manière générale.
Pour l'organisation de chaque meeting, un budget moyen "de 10 à 12.000 euros". Soit entre 190.000 et 228.000 euros. Une somme qui ne prend pas en compte les déplacements, le logement, la retransmission de ses discours en streaming ou encore son QG de campagne rue de Miromesnil (dont Le Lab vous proposait une visite guidée ici). Dans son budget, 200.000 euros viennent de l'Association des Amis de Nicolas Sarkozy, présidée par Brice "l'ami de trente ans" Hortefeux.
"On ne nous attendait pas de la même façon que les autres candidats", fait remarquer son équipe. De fait, son élection ne fait guère de doute. Seul son score reste à déterminer : les 85% de 2004 semblent largement inatteignables. En-dessous de 70%, sa campagne aura indéniablement un goût d'échec.
# On fait le bilan
Au vu de la carte globale des meetings et rencontres des trois candidats, le centre de la France n'est clairement pas sur la route de la rue Vaugirard. Cette région n'aura guère eu leurs honneurs, tandis que le Sud-Est a été privilégié. Plusieurs villes auront accueilli les trois hommes : Bordeaux (mais ça ne s'est pas passé de la même façon pour tout le monde), Marseille, Paris, Nice...
Nicolas Sarkozy a donc fait trois fois moins de meetings qu'Hervé Mariton depuis le 30 septembre, avec un budget dédié à l'organisation de ces événements à peu près sept fois supérieur. Bruno le Maire est finalement le deuxième homme dans toutes les catégories... comme vraisemblablement à l'heure du résultat.